rokhaya diallo


comment te présente-t-on dans ton métier ? et dans la vie ?
je me présente comme journaliste, auteure et réalisatrice.
et d’ailleurs mon livre kiffe ta race avec Grace Ly aux éditions First est toujours en librairie et mon documentaire bootyful en streaming gratuit sur France tv slash

quelle est la chose dite de toi dans ton métier qui te touche particulièrement ?
j’aime l’idée que l’on puisse dire de moi que je suis inclassable.

quelles sont les personnes qui constituent des références pour toi dans ton métier ou dans la vie ?
dans ma vie, ma référence absolue, c'est ma mère. elle est pour moi une femme dont le courage m'inspire au quotidien et dont la vie entière d’ailleurs est une inspiration. mes parents sont arrivés en France il y a une cinquantaine d’année. on ne mesure pas l’aventure qu’est l’immigration. ma mère et mon père sont des figures qui m’inspirent énormément car ils ont véritablement réussi à construire quelque chose ici. Ils ont notamment témoigné beaucoup de courage tout au long de leur vie.

qu’est ce qui a du poids dans ta vie ?
l’intégrité et l’amour sont deux choses qui ont du poids pour moi. l'intégrité premièrement, parce qu’il est important d'avoir un socle de valeurs et de ne pas les trahir ; important d'être fidèle à soi-même et d'être mû par des valeurs que l’on respecte, et qui nous charpente. c'est fondamental pour moi. l'amour ensuite car c'est ce qui nous fait tenir debout, tout simplement. l'amour, l'affection, c'est vraiment central pour moi, c'est ce qui me permet de nous lever le matin, de nous coucher le soir et d'avancer en sachant pour qui et pourquoi on avance.
« j’aime l’idée que l’on puisse dire de moi que je suis inclassable. »
quel a été ton plus gros challenge ou ta plus belle fierté ?
s’il y a une chose qui me rend fière, c'est d'avoir réussi à rester moi-même dans un contexte qui était quand même assez hostile.

le gros challenge, c'est d'avoir changé de carrière, d'être devenu journaliste à 30 ans et d'être entré dans un monde qui n'était pas celui dans lequel on aurait pu m’attendre. en termes de références culturelles et de milieu social c'est un monde qui m’était étranger et dans lequel je suis finalement entrée par la grande porte.

Cela a été un véritable challenge d'apprendre à une vitesse phénoménale, de réaliser que je savais écrire et d’avoir appris faire des films. J’ai assimilé de nombreuses choses très rapidement et en grande partie de manière autodidacte alors même que j’entrais dans un environnement très différent de mon environnement d'origine. je suis fière de ne pas m'être transformée, de ne pas avoir changé mon socle fondamental pour pouvoir m'adapter à cet environnement qui était différent de celui dans lequel j'avais évolué jusqu’alors.

quel est le cadeau que tu aimerais recevoir prochainement ?
un massage ! j’espère que cela sera entendu :)

quel cadeau offres-tu à quelqu’un que tu aimes ?
j'aime beaucoup offrir des soins ou des massages justement et bien sûr des livres. je crois que le cadeau que je fais le plus ce sont des livres. je m’amuse beaucoup à identifier le livre qui va plaire en fonction des personnes.
« je suis fière de ne pas m'être transformée, de ne pas avoir changé qui j'étais pour pouvoir m'adapter à cet environnement qui était différent de celui dans lequel j'avais évolué jusqu’alors. »
as-tu un auteur favori à ce propos?
il y a deux auteurs sénégalais que j'adore, Mariama Ba et Ousmane Sembene. ce sont deux auteurs qui sont au programme scolaire sénégalais et que j'aime beaucoup relire. Ba est une autrice qui a écrit au début des années quatre-vingts une si longue lettre un ouvrage fondateur du féminisme africain francophone et à chaque fois que je le lis, même quand je le lis maintenant, je le trouve toujours d'actualité. c'est assez incroyable de justesse et de perspicacité. quant à Ousmane Sembene, qui est à la fois cinéaste, avec un premier long-métrage africain en 1966, et auteur, il a notamment écrit un livre qui s’appelle les bouts de bois de dieu, et qui est au aussi programme scolaire au Sénégal. Son œuvre dépeint les enjeux coloniaux de la société sénégalaise, de manière très juste, aussi bien dans ses ouvrages que dans son cinéma. ce sont des auteurs que j'admire énormément.

quel est ton objet fétiche ? combien pèse-t-il ?
j'ai un bracelet, que vous avez d'ailleurs pris en photo, portant mon prénom. ce bracelet je le possède depuis à peu près 25 ans. il existe une tradition au sénégal : les enfants se voient offrir des bracelets en argent qui se croisent et qu'on décroise au fur et à mesure de leur croissance.
j’ai d’abord eu un premier bracelet sans prénom que j'ai gardé jusqu’à mes 20 ans, puis on m’a offert celui-ci par la suite. Il est en argent et mon prénom y est inscris en lettre d’or. je le garde en permanence, je ne l’enlève quasiment jamais, il m’accompagne partout

quelle est ton approche des bijoux ? comment les portes-tu ? qu’est-ce que cela te confère de porter des bijoux ?
c’est marrant que je porte tant de bijoux parce que ça n'a pas toujours été le cas, alors que j’ai grandi avec une mère qui en raffole.

dans sa culture d'origine, c’est quelque chose de très important pour les femmes. posséder des bijoux et de l’or, c'est une manière de construire un capital. ma mère a toujours adoré les bijoux alors que je ne m’y intéressait pas étant plus jeune. C'est vraiment après m’être coupé les cheveux très courts que j'ai ressenti le besoin d'habiller mon visage avec des boucles d'oreilles et c’est vraiment à ce moment que cela a commencé. C’est une façon d’orner un visage et les bagues apportent de l'élégance à la gestuelle.

j'aime bien porter plusieurs bagues j’apprécie les boucles d'oreilles volumineuses. Ce sont des éléments socialement associés à la féminité qui ne sont pas souvent présents dans les métiers jugés comme étant très sérieux. on a tendance à penser qu’il est frivole de porter des grande boucles d'oreilles. A mon sens, il intéressant d’apporter cet élément associé à une esthétique un petit peu superficielle, dans des endroits un peu austères.
« j'aime bien porter plusieurs bagues j’apprécie les boucles d'oreilles volumineuses. Ce sont des éléments socialement associés à la féminité qui ne sont pas souvent présents dans les métiers jugés comme étant très sérieux. »
un endroit de prédilection où te trouver ?
à la boulangerie (rires) ! Près de chez moi, il y a une boulangerie qui propose régulièrement de nouvelles pâtisseries. Je m’y rends tous les jours pour voir s’il y a quelque chose de nouveaux que je n’aurais pas encore essayé… c'est vraiment l'endroit de mon quartier où on peut me trouver le plus facilement.

qu’est-ce qui t’a plu avec les créations le gramme ?
j’aime beaucoup les choses qui se croisent, je trouve très jolis les éléments qui s’entremêlent, c'est vraiment hyper beau. j'aime aussi beaucoup l'argent, c’est ce que je porte le plus souvent.

il y a vraiment une dimension très fine et très élégante dans ces créations et dans les chaînes entrelacs qui s’entrecroisent, il y a une très belle symbolique.

et si le gramme était un livre alors… lequel serait-il ?
plus qu'un livre, je dirais que vous seriez Jiro Taniguchi, l'auteur de manga. Il a justement cet univers très singulier, à la fois minimaliste et intense. Je suis une grande admiratrice de son travail, qui au fond ressemble un peu à le gramme.
« il y a vraiment une dimension très fine et très élégante dans ces créations et dans les chaînes entrelacs qui s’entrecroisent, il y a une très belle symbolique. »
son accumulation
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